jeudi 10 mars 2011

Mon compagnon, où es-tu ?

Dans la solitude, dans les ténèbres de cette nuit, tu as vécu l'extrême phase, l'extrême limite de ta vie. Invisibles, sans témoins, ces dernières heures, ces derniers moments, ces derniers instants, ces dernières minutes et secondes, dans cette eau nocturne et froide. Jamais personne ne pourra voir ce qui s'est passé là, à cette heure, et comment cela s'est passé. Qu'est-ce que tu avais en toi, dans ta tête à ce moment-là, c'est la nuit de ta mort, à laquelle personne n'a assisté. Caché à tous, dans son silence, ses gestes, dans ce qui était à l'intérieur de toi. Nous ne le saurons jamais. Plusieurs fois nous sommes retournés sur les lieux, avons parcouru ce chemin, longuement regardé ces anciens bâtiments tagués, ce vieux plongeoir, tout cela construit derrière la gare. (extrait)

Florence

De Annie Ernaux

Jean-Alix, les textes de votre fille Florence sont bouleversants, il y a en eux quelque chose d'infiniment pur, déchiré. En d'autres temps on parlerait de sainteté.

Votre écrit à vous, serre le coeur, ouvre les yeux sur l'incompréhensible de la mort.